Sur la carte européenne des transports, c'était le chaînon manquant qui va finir de désenclaver les Scandinaves. Les ministres allemand et danois des transports sont parvenus, vendredi 29 juin, à un accord sur la réalisation d'une liaison routière et ferroviaire qui va relier les deux pays. S'il était déjà possible de relier Gibraltar au cap Nord sans quitter le bitume depuis l'inauguration du pont de l'Öresund, en 2000, qui relie Copenhague au Danemark à Malmö en Suède, ce nouveau projet rend l'entreprise plus directe.

Mais la teneur des commentaires de part et d'autre de la mer Baltique ne laisse aucun doute sur l'engouement des uns et des autres.
"C'est un jour historique", a déclaré le ministre danois Flemming Hansen, tandis que son collègue allemand Wolfgang Tiefensee a qualifié le futur pont de
"projet purement danois".
Ce pont à péage de 19 kilomètres va relier Rødby, sur l'île danoise de Lolland, à Puttgarden, sur l'île allemande de Fehmarn, au nord de Hambourg. La construction devrait démarrer en 2011 pour une mise en circulation en 2018. Cette liaison va faire faire gagner deux heures de transport entre la capitale danoise et Hambourg.
"INTÉGRATION ÉCONOMIQUE"Actuellement, les marchandises ou voyageurs venant de Suède ou de Copenhague doivent utiliser le ferry entre les deux futures extrémités du pont ou faire un détour de 150 kilomètres par Odense et la région du Jutland, à l'ouest du Danemark, pour rejoindre l'Allemagne avec qui le Danemark partage là une frontière terrestre. L'affaire n'a pu être menée à son terme qu'après des années de négociations qui ont porté sur son financement. Au final, ce sont les Danois qui financeront la totalité du pont lui-même pour un montant de 4,7 milliards d'euros garantis par l'Etat danois. La part allemande, plus modeste, ne concerne que le rattachement du pont à leur réseau routier pour 700 millions d'euros.
Autant la liaison entre Copenhague et Malmö pouvait se justifier par la taille des deux villes, autant plusieurs experts danois ont critiqué l'acharnement de leur gouvernement à mener à bien ce projet, quitte à en faire supporter le coût par les contribuables.
"Le pont de Fehmarn ne relie rien à rien, note l'expert danois Uffe Jacobsen,
car c'est long de Copenhague à Rødby et c'est aussi long de Puttgarden à Hambourg ." La Suède est, de son côté, favorable à ce pont puisque, comme pour le Danemark, l'Allemagne est son principal partenaire commercial.
"La leçon du pont de l'Öresund est que l'intégration économique est fortement stimulée par une liaison fixe", s'est félicité le ministre suédois du commerce, Sten Tolgfors, qui a précisé que
"Hambourg est la ville allemande la plus importante pour le commerce suédois".
Plus de la moitié des utilisateurs viendront de Suède ou s'y rendront selon les prévisions. Les écologistes danois craignent une hausse de la circulation alors que le Danemark demeure l'un des pays au monde avec le plus fort taux de rejet de gaz à effet de serre par habitant.